Changement de narratif : Félix Tshisekedi accepte de négocier avec le M23/AFC à Luanda / Angola

À l’issue d’une brève visite qu’a effectuée le Président congolais Félix Tshisekedi à Luanda, capitale de l’Angola, ce mardi 12 mars 2025, la présidence angolaise, via un communiqué de presse officiel, a annoncé la tenue de négociations directes entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23/AFC sous sa médiation.

« A la suite de la brève visite de travail de son Excellence Félix Tshisekedi à Luanda, la partie angolaise, en tant que médiateur dans le conflit qui touche l’Est de la R.D.Congo, va établir des contacts avec le M23, afin que les délégations de la R.D.Congo et du M23 mènent des négociations directes à Luanda dans les prochains jours, en vue de négocier une paix définitive dans ce pays frère », peut-on lire dans ce communiqué.

Cette initiative angolaise intervient alors que la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe) organise un Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement qui se tiendra par vidéoconférence le 13 mars pour examiner la situation sécuritaire en R.D.Congo. Les affrontements entre l’Armée congolaise et les rebelles du M23/AFC, soutenus par l’armée rwandaise, se sont intensifiés début mars 2025, le mouvement rebelle s’emparant de nouvelles zones en territoire de Masisi au Nord-Kivu. 

Le Président angolais  est le médiateur de l’Union Africaine pour le retour de la paix dans l’Est de la R.D.Congo. L’Angola, en tant que médiateur, devra aussi jouer un rôle fondamental en facilitant le dialogue politico-diplomatique entre le Rwanda et la R.D.Congo, visant à stabiliser cette région des Grands Lacs à problème récurrent.

Cette annonce, accueillie avec un mélange d’espoir et de scepticisme par les congolais, à Goma, ville sous occupation du M23/AFC depuis janvier dernier, suscite des réactions contrastées. « C’est un ouf de soulagement pour nous, la population civile », confie Franck Mbutu, habitant de Goma. « Les armes n’imposent pas la paix. Ce sont les négociations qui peuvent faire en sorte que la population puisse vivre avec tranquillité ». Et pour un autre gomatracien qui se montre optimiste : « Peu importe la voie que ça va prendre, seule la paix nous concerne. Si c’est la négociation qui va nous restituer la paix, nous sommes d’accord ».

Seulement, par manque de sérieux dans l’applicabilité des consensus ou des décisions qui seront prises et ce, de toutes parts, la crainte est de voir l’incertitude dans la gestion de cet imbroglio qui n’a que trop durée pendant que ce sont les congolais qui continuent à payer la lourde tribu. Cette fois-ci, les congolais demandent qu’il y ait du sérieux dans le chef de ceux qui gouvernent pour que cette paix ne soit plus leurre.

Cependant, la prudence est de mise. Tina Salama, Porte-parole du Président Tshisekedi, s’exprime avec réserve sur son compte X : « Nous prenons acte et attendons de voir la mise en œuvre de cette démarche de médiation angolaise. Nous rappelons par ailleurs qu’il existe un cadre préétabli qui est le processus de Nairobi et nous réaffirmons notre attachement à la Résolution 2773 ». C’était une précision de taille.

Cependant la date du début des pourparlers entre ces deux parties serait pour le 18 mars prochain à Luanda. Cette rencontre, placée sous l’égide du Président angolais João Lourenço, vise à apaiser les tensions après plusieurs tentatives de médiation infructueuses.

L’on ne se demandera jamais assez, M23/AFC n’est plus qualifié de mouvement terroriste, des pantins ou de supplétif du Rwanda ? A l’allure où vont les choses, avec ce revirement de plus de 180 degré, j’ai peur que ces M23/AFC, faute d’une riposte vigoureuse soit désormais considéré comme « coalition ».

Jusqu’ici, Kinshasa refusait tout dialogue avec le M23/AFC. Ce revirement stratégique marque une évolution majeure dans la recherche d’une solution politique au conflit qui secoue l’Est du pays où le gouvernement congolais semble perdre son contrôle.

Depuis le début de cette année en cours, les affrontements se sont intensifiés. Le M23/AFC a pris successivement le contrôle de Goma, puis de Bukavu, aggravant une crise humanitaire déjà dramatique. Plus de 7 millions de personnes sont désormais déplacées, victimes de cette instabilité persistante.

Ces nouvelles négociations ouvriront-elles la voie à une paix durable ? Réponse le 18 mars.

Selon plusieurs avertis, le dialogue direct entre Kinshasa et le M23/AFC reste un espoir fragile pour la population des territoires occupés, qui aspire à la paix et à la sécurité. La réussite de cette initiative dépendra de la volonté des parties prenantes à négocier de bonne foi et à trouver des solutions durables à la crise. 

Jusqu’ici, ni Kinshasa ni Goma n’ont officiellement annoncé leur participation effective aux supposées négociations directes de Luanda. La Présidence congolaise a simplement déclarée « prendre acte » du processus engagé par l’Angola dans son rôle de médiateur, tandis que la coalition M23/AFC, supplétif du Rwanda n’a, de son côté, publié aucun communiqué. Le médiateur, qui semble avoir l’accord des deux parties, annoncé le début des négociations pour ce mardi 18 mars 2025.

Wait ans see !

Novy Bomolo

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